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30 de septiembre de 2013 | | | |

Injustice hondurienne

Une juge décrète l’emprisonnement préventif pour Bertha Cáceres et l’expulsion de la communauté Lenca de Rio Blanco.

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Les mouvements sociaux honduriens ont déclaré l’alerte face à la résolution prise aujourd’hui par le Tribunal d’Intibucá contre Bertha Cáceres, Aureliano Molina et Tomás Gómez, membres du COPINH (Conseil Civique d’Organisations Populaires et Indigènes du Honduras), accusés de délits d’usurpation, de coercition, et de dommages envers l’entreprise DESA, qui compte mener à bien son projet hydroélectrique Agua Zarca sur le territoire ancestral du peuple indigène lenca.

La décision, adoptée par la juge Reyes Lissien Knight (qui ne s’est pas présentée au Tribunal), et comme le demandait le Parquet et l’entreprise, envisage la prison pour la coordinatrice du COPINH, Bertha Cáceres, et des peines de substitution pour les autres membres du Conseil.

Effectivement, dans un entretien avec Radio Mundo Real, Tomás Gómez a indiqué que la justice a accordé les peines de substitution spécifiques aux demandes du procureur Henry Alexander Pineda et de la partie privée de l’accusation. Ainsi, la résolution comprend l’incarcération préventive pour Bertha Cáceres, des mesures provisoires pour Molina et Gómez, et l’expulsion de la communauté lenca de son propre territoire.

Le paradoxe d’être accusés d’usurper un territoire qui leur appartient

La résistance et l’opposition du peuple lenca à la mise en place de la centrale hydroélectrique Agua Zarca dans la zone du fleuve Gualcarque, projet dont l’avancée sur le territoire indigène et ancestral ne prévoit aucune consultation, représentent les délits pour lesquels sont actuellement jugés les militants du COPINH et pour lesquels fut décrétée l’expulsion de la communauté locale.

Dans l’entretien avec Radio Mundo Real, réalisé quelques minutes après que fut annoncée la sentence, l’avocat de la défense Victor Fernández explique que «l’opposition à ce projet a impliqué l’exercice du contrôle du territoire de la part du peuple lenca, par un mécanisme de surveillance régulant qui accède ou non à la zone. C’est cela qu’ils ont qualifié d’usurpation et de coercition, parce que la communauté a pris la décision d’expulser l’entreprise Sinohydro.»

La partie plaignante assure que les affrontements entre l’entreprise et les communautés auraient causé des pertes se chiffrant en millions à l’entreprise. Comme l’a expliqué Fernández, les militants du COPINH ne sont pas accusés d’être les auteurs des faits, mais d’en être les instigateurs.

D’autre part, il a précisé que selon le code pénal hondurien, «s’il est prouvé qu’un délit d’usurpation a été commis, l’une des conséquences immédiates est le délogement de la zone concernée». Il a donc affirmé: «Nous rejetons le fait que la communauté soit usurpatrice de son propre territoire, et l’une des preuves que nous avançons rend compte du fait qu’il s’agit d’un territoire indigène ancestral».

La lutte politique comme crime

Tant Gómez que son avocat considèrent qu’au Honduras le système judiciaire est toujours plus manipulé pour défendre les intérêts des puissances économiques. «Ce qui est clair, c’est que ces trois camarades se positionnent contre ce projet, mais il n’y a même pas de preuves pour démontrer leur implication dans l’incitation aux délits. Donc, ce qui est considéré ici comme un délit est que vous ayez une position qui diffère de celle de l’Etat, et dans ce cas, des entreprises hydroélectriques», affirme Fernández.

Malgré ce phénomène interne de criminalisation de la protestation, Gómez affirme que «la communauté va continuer avec des actions plus fortes pour défendre son territoire, afin d’éviter que n’aboutisse ce projet hydroélectrique». Il a aussi ajouté que les mobilisations de solidarité envers les trois accusés furent intenses aujourd’hui au Honduras, menant à des marches composées d’habitants de diverses provinces.

La résolution prise aujourd’hui pourrait être contestée jusqu’au mercredi 25 septembre, date limite pour que la défense introduise un recours devant la Cours d’Appel de Comayagua. Même si cela se produisait, le pessimisme quant au succès de son aboutissement est profond, puisque comme l’affirme Fernández «comme dans beaucoup d’autres cas, nous avertissons qu’il y a tout un processus d’instrumentalisation du système judiciaire pour défendre les intérêts économiques des entreprises».

Le jour où fut annoncée la sentence fut marqué par une forte mobilisation de solidarité à Intibucá, ainsi que par des répercussions internationales quant à cette affaire, emblématique de la situation des droits des défenseurs des territoires au Honduras, depuis le coup d’Etat en 2009. Parmi ceux qui sont arrivés à Intibucá, était présente l’une des membres des Mères de la Place de Mai, Nora Cortiñas.

Il faut préciser que les membres du COPINH ont confirmé qu’ils se mobiliseraient contre cette sentence, et ont réaffirmé que Bertha Cáceres était la coordinatrice de l’organisation, même en prison.

Abogado defensor Víctor Fernández

Imagen: Red Nacional de Defensoras DDHH Honduras

(CC) 2013 Radio Mundo Real

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