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17 février 2014 | Interviews | VI Congreso MST-Brasil | Accaparement des terres | Résister au néolibéralisme | Droits Humains | Militants sociaux en danger
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La présentation d’une proposition de « réforme agraire populaire », centrée sur l’expropriation de terres aux grands propriétaires fonciers, la production alimentaire agroécologique et la protection de l’environnement, sera l’un des points cruciaux du 6ème Congrès National du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terres du Brésil (MST), qui se déroulera du 10 au 14 février à Brasilia, capitale du pays.
« Avec cette conjoncture économique, qui implique les agro-industriels, les firmes transnationales et le pouvoir médiatique, nous ne pourrons pas appliquer la réforme agraire classique. (...) La consigne qui nous guidera pour les luttes des cinq années à venir est de « lutter, construire une réforme agraire populaire », a dit à Radio Mundo Real le dirigeant paysan Alexandre Conceição, de la Coordination Nationale du MST.
Conceição a expliqué que le congrès de mi-février serait une « célébration », à l’issue de deux années de travail, au coeur duquel toute la base du MST, les paysans établis, les nomades et divers secteurs du mouvement ont débattu les lignes politiques qui guideront leur futur travail. « Nous avons déjà convenu de tout », a dit notre interlocuteur, le congrès sera à l’heure des festivités, à l’occasion de la célébration de ces deux années de débats, a t-il aussi expliqué. Plus de 15 000 délégués issus des différentes régions du Brésil sont attendus, ainsi que plus de 200 participants internationaux.
Parmi les sujets de l’agenda politique qui doivent être traités, celui de la réforme agraire se démarque. Conceição a souligné la nécessité d’exproprier les latifundios, ces grands propriétaires terriens, afin de pouvoir produire des aliments de façon agroécologique et durable.
Le dirigeant a aussi expliqué que le gouvernement nationale de la Dilma Rousseff, présidente du Brésil, a représenté le pire pour la réforme agraire, depuis la sortie de Dictature, qui a frappé le pays de 1964 à 1985. Il a précisé que ce n’étaient que pas les gouvernements du Parti des Travailleurs (PT, qui eut Luiz Inácio “Lula” da Silva puis Rousseff comme présidents) ne s’étaient pas engagés aux côtés des Sans Terre, mais que la coalition des forces internes au gouvernement actuel « les rend incapables de mener la réforme agraire ».
« Pourtant, la réforme agraire sera un enjeu pour tous les Sans Terre du Brésil, qui devront occuper toujours plus de terrains privés et avoir de nouvelles stratégies de lutte, comme la destruction de plantations transgéniques », a affirmé Conceição. Il y aura une réforme agraire lorsque « sera mise en oeuvre une grande transformation sociale, ce qui est la lutte pour le socialisme », a t-il ajouté.
Le membre de la Coordination Nationale du MST a regretté que le gouvernement ne préfère s’allier avec le capital international, les agro-industriels, « avec la production alimentaire empoisonnée ». Dans ce sens, il a informé que le Brésil était le vice-champion du monde en termes d’usage de pesticides dans sa production alimentaire.
Certaines des autres lignes politiques soulignées, et qui seront annoncés au 6ème Congrès National du MST sont la lutte contre les agro-industriels, la critique d’un « État brésilien bourgeois, qui tente sans cesse de criminaliser les mouvements sociaux et la protestation », et en particulier la critique du gouvernement de Rousseff, qui a verrouillé la réforme agraire en « n’expropriant pas les terres ».
Sur la criminalisation des mouvements sociaux et leurs luttes, Conceição a accusé le Pouvoir Judiciaire et Législatif. Le MST s’interroge sur de nombreux points quant au Pouvoir Judiciaire. Le mouvement sans terre brésilien avertit que ce Pouvoir n’agit pas contre les latifundistas, contre leurs attaques envers l’environnement, le travail esclavagiste qui a de nombreuses fois été dénoncé au sein de ces énormes propriétés, contre les assassins des sans terres, mais qu’il poursuit les paysans en lutte, et les criminalise y compris à travers la force militaire.
« L’Exécutif, où se trouve la présidente Dilma, ne criminalise pas, mais elle ne met pas non plus en oeuvre les politiques visant à l’avancement de la réforme agraire, et ouvre également des espaces propices à cette criminalisation », a expliqué le représentant de la Coordination Nationale du MST.
« Une véritable réforme agraire est possible quand on détruit la concentration perverse des terres que nous avons au Brésil. Avec ce gouvernement, il y a toujours plus de concentration, à cause de l’avancée de l’agro-industrie avec le capital transnational au sein de notre agriculture », a aussi regretté Conceição.
Imagen: www.librered.net
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