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30 de agosto de 2013 | Entrevistas | 9ème Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes | Anti-neoliberalismo | Derechos humanos | Género | Luchadores sociales en riesgo
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Lors de la conférence "Féminisme et construction d’alternatives", qui s’est tenue le mardi 27 août au Mémorial de l’Amérique Latine à Sao Paulo (Brésil), Souad Mahmoud, de Tunisie, a pris la parole afin de présenter aux autres participantes de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) la situation des femmes tunisiennes, et la situation dramatique dans laquelle se trouve actuellement son pays, deux ans après la révolte populaire de 2011, qui a destitué Ben Ali du pouvoir et qui a instauré un gouvernement islamiste.
Mahmoud a tout d’abord remercié la Coordination Nationale de la Marche du Brésil et le Comité International de lui avoir offert l’occasion de partager ce qui se passe dans son pays. Elle a ensuite excusé sa camarade Basma Khalfaoui Belaïd, la femme de Chokri Belaïd, (chef de l’opposition tunisienne assassiné le 6 février 2013 par des radicaux islamistes), qui n’a pu être présente cette semaine à Sao Paulo du fait de la grande situation d’insécurité dans laquelle elle vit actuellement.
Mahmoud a commencé par évoquer le contexte dans lequel vivent aujourd’hui les femmes tunisiennes: le 13 août 1956, a été instauré en Tunisie le Code du Statut Personnel, qui avait pour but de favoriser l’égalité entre hommes et femmes et a bâti la Tunisie moderne, et dont les principes émancipateurs se sont vus menacés dans les années 70 avec l’apparition de mouvements islamistes et rétrogrades dans le pays. C’est aussi à cette époque que les tunisiennes commencèrent à lutter pour leurs droits, et construit un noyau autour de mouvements tels que l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, créée en 1989, ou la coordination nationale de la Marche Mondiale des Femmes en Tunisie.
Si la loi tunisienne ne discrimine théoriquement pas les femmes en termes d’élections, en pratique ces dernières sont bien souvent exclues des cercles de décision ou de la vie politique. Que cela soit au sein du pouvoir législatif, des instances consultatives, dirigeantes ou des partis politiques, les femmes subissent le machisme et s’auto-excluent bien souvent de la lutte politique, dans un contexte où la tradition religieuse et conservatrice est encore très présente. A titre d’exemple, en termes de postes de responsabilité, Mahmoud a affirmé que les femmes en occupaient environ 23%, et que ce taux ne cessait de baisser.
Elle a expliqué qu’en Tunisie, existaient des organisations réellement impliquées dans les sujets concernant la Société Civile ou la défense des Droits de l’Homme et de la Démocratie. Cette minorité de mouvements auraient contribué à renforcer les luttes locales pour l’amélioration de la vie publique et politique avant la révolution. Elle a cité la Ligue de Défense des Droits de l’Homme tunisienne, ou bien des organisations féministes comme l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates et l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche et le Développement, mais aussi des associations professionnelles et syndicales comme le Conseil de l’Ordre des Avocats. Tous ces groupes ont construit les bases d’une culture de l’action citoyenne, à laquelle la femme participe beaucoup, mais qui reste encore peu présente dans les processus de décision. En effet, elle est aujourd’hui attaquée par des groupes réactionnaires qui imposent le port du voile, les empêchent de travailler à l’extérieur du foyer, ou vantent la polygamie.
"Si la femme tunisienne perd ses droits, c’est toute la société qui les perd", soutient Mahmoud.
Elle a aussi parlé du rôle des forces impérialistes et capitalistes, qui ont leur importance dans la situation économique, sociale et politique du pays, dont les tunisiens souffrent sur tous les plans. Ainsi, un tiers des élus de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) élus le 23 octobre 2011 manifestent et réclament la démission du gouvernement actuel.
«Socialement, la Tunisie est fatiguée, déprimée», a déploré Souad Mahmoud.
Elle a également rappelé le rôle qu’avait eu le Forum Social Mondial, qui a eu lieu cette année à Tunis, capitale du pays, et qui a été l’occasion de voir des groupes de la société civile "réouvrir la route aux tunisiens". Elle a aussi appelé à la solidarité des autres femmes présentes à cette grande rencontre internationale à Sao Paulo, pour soutenir leurs camarades tunisiennes qui connaissent aujourd’hui des moments de grande incertitude et d’insécurité. Puis, elle-même a déclaré son soutien aux autres femmes du monde arabe: les irakiennes, les syriennes, les bahreïniennes, les égyptiennes, les libyennes, et aussi les palestiniennes, qui luttent et souffrent au coeur des conflits qui déchirent leurs pays, et contre les impérialistes dont les multinationales continuent à diviser les peuples pour leurs intérêts économiques.
«On est prêts à donner notre sang pour notre Tunisie», a conclu Souad Mahmoud.
Photo: http://fsm2013.wordpress.com
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